samedi 24 novembre 2007

Sunset Rubdown


L'un des plus prolifiques artistes de l'indie rock US est de retour avec le troisième effort de Sunset Rubdown en à peine trois ans. Ce qui ne devait être qu'un énième side-project de Spencer Krug se voit au final grapiller du terrain à Wolf Parade et son superbe album de pop expérimentale. Car chez Sunset Rubdown, il est aussi question de limites à repousser. Random Spirit Lover ne recèle aucun temps mort, tout y est incroyablement vivant sur près d'une heure éreintante remplie de sublime désespoir. Les dissonnances cassantes de The Mars Volta viennent déjouer l'euphorie impulsive de Modest Mouse, le clavier déridé de Pinback malmène le psychédélisme angoissant d'une moitié des groupes canadiens, de The Besnard Lakes à The Dears. L'autre moitié, qui réunit Broken Social Scene et Arcade Fire, se retrouve dans les voix féminines qui différencient sensiblement Sunset Rubdown de Wolf Parade, Spencer Krug expulsant avec toujours autant de virulence une voix à la Alec Ounsworth (Clap Your Hands Say Yeah) dérangeant Ian Curtis dans son cercueil.


Up On Your Leopard, Upon the End of You Feral Days



Child-Heart Losers

samedi 3 novembre 2007

Beirut – The Flying Club Cup


Artiste indépendant de l'indie music, Beirut s'est bâti en 2006 son monde franco-balkanique sur les Îles Vierges des États-Unis. Baptisé Francylvannia, ce vague terrain de jeu s'est vite vu acclamé par la critique dès la sortie de Gulag Orkestar, premier album à la fanfare abattue qui sortait du train-train indé. Entraînant dans sa folle épopée des milliers de fidèles, le prodige Zach Condon ne comptait pas s'arrêter là et poursuit aujourd'hui son ascension à travers The Flying Club Cup, un second album paré de folklore désabusé dont les arrangements infinis ont été composés avec l'aide de Owen Pallett de Final Fantasy. Cuivres, violons et accordéons s'enlacent ici assidûment pour le rendez-vous amoureux que Yann Tiersen n'a jamais eu avec Boban Marković. Des titres comme Nantes et Cherbourg semblent s'éloigner des sentiers battus pour s'égarer davantage vers des contrées plus apaisées, quelque part entre le Paris terne de 1910 et les paysages foisonnants de l'excentrique cinéaste bosnien Emir Kusturica. Beirut clâme son amour pour la France depuis longtemps, reprenant d'ailleurs Le Moribond de Brel sur scène (ainsi qu'en B-side du EP Elephant Gun), mais jamais il n'a été aussi débordant d'intense générosité envers notre beau pays à travers toute une série de qualifications françaises appelant à la fête tzigane (Un Dernier Verre (Pour La Route), Forks And Knives (La Fête), La Banlieue).

samedi 13 octobre 2007

Devendra Banhart – Smokey Rolls Down Thunder Canyon


Où va-t-on trouver le nouvel album de Devendra Banhart cette fois ? Dans le rayon indé ou du côté de la variété internationale, entre Anastacia et les Black Eyed Peas ? Ce sera de nouveau la surprise en allant se le procurer le 25 septembre. Hippie à tendance tzigane, hispanisant sur les bords et hypnotisant en son centre, le « Jésus de la folk » continue son excentrique épopée à travers les genres et les époques. Et ce n'est pas encore le vertigineux Smokey Rolls Down Thunder Canyon qui remettra les pendules à l'heure. On retrouve ici-haut le même bordel soigné que sur les précédents méfaits, tournoyant entre reggae aride et folk ruisselant de psychédélisme. Cristobal, en duo avec l'acteur Gael Garcia Bernal, débute les hostilités avec la ferme intention d'en coudre avec les différents styles musicaux qui, de fil en aiguille, cohabitent avec toujours autant d'élégance et d'excellence. Tout est là pour laisser penser à aucune évolution de la part de Devendra et ses musiciens. Instruments épars, choeurs aériens, percussions tribales et voix peu triviale à laquelle on a pu s'habituer font de ce premier titre la continuité idéale de Cripple Crow. On retrouve plus loin les éléments fondamentaux du groupe, naviguant entre le rock bestial de Tonada Yanomaninista et la soul chancelante de Saved, la langue espagnole sur les délicieuses Carmencita et Samba Vexillographica et les collaborations de Rodrigo Amarante (Los Hermanos) et Vashti Bunyan (sur respectivement Rosa et le final désabusé de My Dearest Friend). Peu de surprises sur ce nouveau délire insaisissable du maître et c'est là justement l'intérêt de ce sixième album : découvrir ce que l'on connaît déjà, comme les huit minutes de ce Seahorse au crescendo imparable, sorte de melting pot de toutes les influences de Banhart au gré de sa discographie – essentielle, cela va sans dire.

lundi 8 octobre 2007

Pinback – Autumn Of The Seraphs



Après l'été, l'automne. Dégarni des couleurs chatoyantes de Summer In Abaddon, Pinback revient pour une quatrième saison, plus ténébreuse et alambiquée que les précédentes. Après s'être échappés chacun de leur côté, Rob Crow et Zach Smith, les deux têtes pensantes du groupe, se retrouvent à la source mère, nourris au sein de Pinback d'une notoriété importante dans le milieu indé. Largement nfluencé par les débordements des deux américains – l'un en solo l'autre au coeur de Three Mile Pilot –, Autumn Of The Seraphs déploie des harmonies plus vastes et osées, délaissant l'hyperbole coutumière au profit d'un dépouillement agité (Subbing For Eden, Walters, Torch) et d'une folie ambiante (Barnes, Off By 50, Devil You Know), allant même jusqu'à rivaliser sur les terres évanescentes de The Unicorns (Bouquet, Good To Sea You) et déjà empiéter sur l'hiver dans l'electronica glacial de How We Breathe. Plutôt que mûrir, Pinback a décidé de déserter les lieux sur cette quatrième saison qui prend alors des allures de quatrième dimension.